C’était un jour de fête. Depuis ce matin il y avait foule dans ce quartier habituellement désert. Que de bousculades, de courses aux bonnes places… de jeunes démons se baladaient avec des ballons fabriqués à partir de peaux d’humains gonflées à l’hélium. Des stands en tous genres s’étaient dressés et s’alignaient le long des rues improvisées pour l’occasion. On pouvait entendre crier :
Venez voir le couteau dernier cri en manière de dépeçage d’humain… inoxydable, il est vraiment extraordinaire. Si vous en prenez un dans les 5 minutes, je vous offre en plus ce magnifique parchemin : « Le petit Roger illustré : 10 000 manières de tuer un humain » …
Ils sont beaux mes humains, ils sont beaux…
Venez boire à la buvette… De la déchéance pour tout le mondeTarnotah et Ahrseck (sa sœur) avançaient le long de ces allées. Ils regardaient d’un œil distrait tout ce qui s’étalait sous leurs yeux. Ce n’était pas les échoppes qui les avaient attirés là ; ils étaient venus pour l’évènement sportif de l’année ; ils étaient venus pour la finale infernale de Tête-niss.
Leurs places étaient réservées depuis plusieurs semaines, ne voulant manquer cela pour rien au monde. La journée s’annonçait de toute beauté… avec un beau programme. Pour la première fois la préparation du terrain était ouvert au public, cela promettait d’être assez divertissant.
Après avoir réussi à se frayer un chemin à travers la foule, ils arrivèrent devant l’entrée du stadium. En grand au-dessus des portes en bois était inscrit en lettre de sang :
« Finale infernale de Tête-niss de chez Rolland l’Garot »
Déjà à l’intérieur s’élevaient les cris de la foule qui prenait place sur les gradins. Tarnotah et sa sœur allèrent s’asseoir après avoir acheté un pot de doigt d’humains grillés à grignoter. Les spectateurs étaient complètement euphoriques. Les olas se succédaient, les cris de joie retentissaient… la foule était en délire.
Si seulement les démons pouvaient être aussi nombreux et mettre autant d’enthousiasme sur les fronts… l’humanité ne serait plus… !!
Je suis bien d’accord avec toi mais que veux-tu… ? Ahrseck venait de répondre avec une expression de désolation, de tristesse.
Après une heure d’attente, la foule commença à s’impatienter. Les gradins étaient combles. Puis une voix s’éleva :
Démons, succubes… bienvenue à vous !
HHHOUUUUAAAIIIIII……La foule se mit à hurler comme un seul homme, mais avec la puissance de 10 000. Des banderoles s’élevèrent, des confettis volèrent de partout…
Nous sommes heureux de vous accueillir ici en ce jour exceptionnel. Cela fait quatre ans que nous l’attendons : la finale de Tête-niss. Pour l’occasion nous vous avons préparé une petite surprise…Le speaker se tourna vers un démon debout derrière lui et lui adressa un signe de tête.
L’interpellé se leva et actionna un levier qui se situait près de lui.
Une vingtaine d’ange s’envolèrent. Ils semblaient tout étonné d’être remis ainsi en liberté… (les naïfs)
Il y eut un déferlement de sifflement et de hué… (les spectateurs étaient outrés que l’on relâche des anges dans la nature… qui plus est en enfer)… Jusqu’à qu’une série de claquements retentisse. Un à un les anges tombèrent, transpercés par une multitude de flèche.
Alors, il y eut des cris de hourra, des applaudissements… ; Le speaker eu du mal à se faire entendre de nouveau.
Mes amis, avant que nos deux meilleurs joueurs n’arrivent, le terrain va être installé.Le démon qui avait lâché les anges actionna une autre manette. Cette fois une des herses qui menaient sur le terrain s’ouvrit, laissant entrer deux d’humains sur le terrain et sous les applaudissements et les cris de la foule en délire.
Les deux hommes ne semblaient pas ravis d’être là, ils étaient terrifiés. A leur regard on pouvait deviner qu’ils ne connaissaient pas la raison de leur présence ici.
La herse se rabaissa et une porte de l’autre coté de l’arène s’ouvrit. Deux démons à la carrure relativement imposante entrèrent. Ils étaient armés de grandes haches et de couteaux à dépecer comme ceux qui étaient en vente dans les échoppes à l’extérieur. Un troisième démon arriva avec des grands pics et un marteau.
Les deux démons posèrent leur arme et s’approchèrent d’un des humains qui essaya de s’enfuir. Il fut vite rattrapé. Le troisième démon s’approcha et l’épingla au mur avec ses quatre pics et son marteau ; le tout sous les applaudissements du public. Il commença à le dépecer vivant, récupérant son sang dans une sorte de cuve. Les deux autres démons se rapprochèrent du deuxième humain ; celui-ci ayant profité du fait que personne ne s’occupait de lui s’était emparé d’une des haches et menaçait les démons.
Il y eut un regain d’applaudissement ; la foule était ravie de voir du spectacle.
L’humain se sentant un peu enhardi par son exploit, se lança à l’attaque. Malheureusement pour lui, la hache était un peu trop grande et lourde, et il avait un peu du mal à la manipuler… Il manqua plusieurs fois de tomber, emporté par le poids de l’arme. Les deux gardes, restaient à distance, tout en rigolant.
Une pierre jetée par un spectateur vint le frapper l’homme dans la nuque. Il s’écroula, assommé.
Des rires retentirent. La foule était de bonne humeur…
Pendant ce temps le dépeceur avait retiré les os des jambes de la victime et les avaient plantés de part et d’autre du terrain. Ensuite il les relia avec les intestins déroulés de la victime.
Le filet était prêt.
Le sang des deux victimes fut répandu sur le sol sableux. De jolies succubes, chichement vêtues, sortirent de nulle-part avec de grands bâtons, et commencèrent à frapper le sol…
Démons, succubes… La fameuse terre battue (rouge) de Rolland l’garot !!!La foule était ravie.
Puis ce fut l’arrivée des joueurs. Le match opposait Anlery-yalcomte à Yalnick-qui-snoie. C’était un match très prometteur. Les deux joueurs s’étaient rencontrés plusieurs fois déjà, et à chaque fois, le matche s’était fini dans un bain de sang.
Chacun des joueurs se plaça de part et d’autre du filet, lançant un regard mauvais à son adversaire.
Bourreau, que le match commence…Un gong résonna. Un des démons entrés pour préparer le terrain prit sa hache et d’un geste vif coupa la tête de l’humain, toujours accroché au mur mais nettement moins vivant qu’avant. Avec son couteau il enleva les oreilles et les cheveux et lança la balle (enfin la tête) en jeu.
Et c’est parti… que le meilleur gagne…Les joueurs se renvoyèrent la balle de part et d’autre du filet.
Le but est simple. Il faut, à l’aide de n’importe quelle partie de son corps, envoyer la tête dans le camp adverse, sans aller au-delà des limites. Le joueur en face doit alors renvoyer à son tour l’encéphale humain sans que celui-ci ne touche le sol. Mais dans ce genre de finale, tous les coups sont permis…