Origines

Un vent frais, venant du nord est, soufflait sur les hauteurs, faisant s’entrechoquer les branches des arbres. Le soleil commençait à disparaître derrière la chaîne de montagne qui se trouvait à l’ouest. Au nord, perché sur une colline, un monastère dominait l’ensemble de la plaine.
Thrann se tenait debout sur son promontoire à l’orée de la forêt. Il observait la scène d’un œil un peu inquiet. Un messager venait de lui dire que des éclaireurs ennemis avaient été repérés et se repliaient. En effet, un groupe d’humains courait en direction du monastère. Ils étaient poursuivis par plusieurs soldats armés de hache, qui essayaient d’être le plus discret possible. Ils espéraient rattraper les fuyards avant que ceux-ci ne donnent l’alerte et les renseignements collectés.

Au premier coup d’œil, Thrann sut qu’il était trop tard, que cette poursuite ne servirait à rien. Il se détourna de son poste d’observation juste avant qu’une volée de flèches ne vienne faucher les démons en pleine course. Il se tourna vers le messager, le regarda longtemps, comme s’il attendait quelque chose puis lui dit :

- Réveille le conseil, je veux tout le monde dans la tente de commandement dans 7 minutes
- Oui, Maître, il sera fait selon vos ordres.

Le diablotin détala afin de remplir sa nouvelle mission. Thrann jeta un dernier coup d’œil à la plaine et vit le dernier démon, s’enfuyant, se faire faucher par un trait bien ajusté.

- Misérable vermine… je vous tuerai tous… les humains… cette sous-race !!!

Thrann s’enfonça dans la forêt et se dirigea vers la clairière ou le camp était monté. Celui-ci était impeccable, pas un bruit ne régnait. Les feux étaient au minimum, les tentes alignées… bref parfait ! Il rejoignit la tente de commandement où le conseil était au complet… excepté un membre qui arriva peu de temps après.
Thrann se retourna vers lui et dit :

- Manorch… tu as deux minutes de retard. Où était-tu ? C’est bien toi qui es responsable de la sécurité du camp… et de la mienne non ?
- Pardon maître, j’étais auprès de ma femme, elle est malade. Heu… oui, c’est bien moi qui suis responsable de la sécurité !
- Tu as fauté deux fois aujourd’hui, et c’est une fois de trop !
- Mais… Maître… qu’est ce que… ?

Thrann s’approcha de lui, et en un seul geste dégaine son épée et lui trancha la tête. Personne dans le conseil ne broncha. Bien que Manorch soit leur ami, Thrann était leur chef, et une des premières leçons qu’ils avaient reçues était qu’il ne fallait jamais le décevoir, ni manquer à son devoir. Ils savaient que s’ils réagissaient, ils mouraient à leur tour.

Thrann se tourna vers les autres membres :
- Je suppose que vous êtes tous au courant que nous avons été découverts, et qu’en ce moment même ils doivent se préparer à nous recevoir. C’est pourquoi j’ai décidé d’avancer l’heure de l’attaque. Je veux que dans 2heures nous soyons en ordre de marche. Cela pose-t-il un problème à quelqu’un ?
- Non Chef !
- Bien. Voilà comment nous procèderons : Les trois premières compagnies attaqueront la porte est, tandis que la 5ème et 6ème attaqueront le flan sud. Je veux que la 9ème, 10ème et 11ème fassent mine de soutenir ces flancs sans pour autant prendre part à la bataille ! Pendant ce temps, une équipe de sapeurs s’infiltrera et s’occupera du mur ouest. Je mènerai personnellement l’attaque sur ce flanc dès que la brèche est ouverte avec la 8ème, la 12ème, et la 7ème. Dès que le mur est tombé, je veux le soutient de la 9ème, 10ème et 11ème.
Des questions ?
- Non Chef !
- Bien vous pouvez disposer. Artargh, reste ici !

Les membres du conseil sortirent un à un. Artargh resta debout, près de l’entrée. Il semblait inquiet. Il ferma le rabat de la tente et vint se placer près de Thrann.

- Je trouve que tu gères ça très bien, mon frère, mais je pense que tu devrais faire preuve de compassion parfois. Manorch était ton ami d’enfance, tu n’aurais pas du le traiter de la sorte. Il a fauté, certes, mais il t’a rendu plus d’une fois de grands services…
- Je sais, mais je ne peux me permettre d’avoir des faibles à mes cotés… si tu faisais la même erreur… tu subirais le même sort… mon frère !
- Je comprends…
- Bien… Mais ce n’est pas pour ça que tu es encore là. Je veux que tu mènes personnellement la 4ème compagnie par le nord. Vous vous ferez le plus discret possible, et vous ferez le plus de dégâts que vous pouvez.
- Je suis content que tu me donnes enfin des responsabilités. Je ferai comme il te plaira.
- J’en attendais pas moins. (Thrann eu un grand sourire) Bien tu peux disposer. Appelle-moi Borgh, il faut bien remplacer Manorch ; et dis à Desmonora que je la rejoins bientôt !
Ha, et pendant que tu y es… tue la femme de Manorch… je ne supporte pas les malades !

Thrann s’assit sur son siège… la nuit allait être longue !
Borgh arriva rapidement. Il se présenta devant Thrann qui semblait perdu dans ses pensées.

- Ha te voilà petit frère. Je suis bien content de te voir. Il sembla réfléchir puis regarda Borgh. J’irai droit au but, car nous n’avons pas beaucoup de temps. J’ai besoin d’un nouveau bras droit. Manorch m'a déçu et je dois le remplacer.
Il indiqua d’un mouvement de la tête le corps décapité du démon qui traînait dans un coin de la tente. Borgh acquiesça !
- Peut-être que d’autres seraient plus compétents que toi, mais tu es le seul en qui j’ai confiance maintenant… Artargh notre frère pourrait convenir aussi, mais il est déjà bien occupé. Acceptes-tu ?
- J’accepte ! Depuis le début je t’ai juré fidélité, et de plus tu es mon frère… je serai très honoré de… (il posa un genou au sol) Je jure de te servir de mon mieux et de ne jamais faillir à ma tache; je serai ton bras droit et te protègerai toi et ta famille et ce jusqu’à ma mort !
- Bien… relève-toi.
Thrann se leva et alla chercher l’insigne sur le corps de Manorch. Il l’épingla sur le torse de son frère, et lui fit l’accolade.
- Maintenant va voir Artargh et demande lui de te mettre au courant de la situation… nous avons beaucoup à faire. Tu combattras à mes cotés cette nuit.

Thrann se leva et se dirigea vers la tente Desmonora.

(HRP : la suite bientôt)

(HRP : désolé pour l'attente...)

Après avoir passé plus d’une heure en compagnie de sa femme Desmonora, Thrann sortit de sa tente et se dirigea vers celle de commandement. L’air s’était nettement rafraîchi. La lune, en partie voilée par les nuages, n’éclairait que faiblement le campement. La plupart des tentes étaient démontées, et les démons finissaient d’aiguiser leurs lames ou de fixer leurs armures.

Thrann entra dans la tente et examina une fois de plus son plan. Il n’était pas content de devoir changer l’heure de l’attaque, mais il n’avait pas le choix. Ne pouvant plus profiter de l’effet de surprise, seule une attaque rapide avec un ennemi non organisé pouvait encore suffire pour faire tomber le monastère. Il maudit une fois de plus Manorch pour sa stupidité puis s’empara de son bouclier avant de sortir de la tente. Borgh se tenait debout près de l’entrée. Avant que Thrann n’ait pu dire un mot, il lui dit :

- Les sapeurs ont commencé leur travail. Ils n’ont pour le moment pas été découverts et progressent rapidement.
- Bien. J’espère qu’ils pourront faire tomber ce fichu mur. Fais passer le message au conseil, nous partons dans 10 minutes.
- Vos hommes sont prêts, nous pouvons partir dès maintenant chef. Artargh est déjà parti avec la quatrième compagnie pour ne pas être en retard au combat.
- Bien…

Thrann se retourna et vit ses démons debout, prêts au départ. Il s’avança et monta sur un tonneau pour que tous puissent le voir. Il était habillé d’un plastron de cuir, recouvert de plaques de métal noir. Une cape rouge sombre pendait dans son dos, flottant au gré du vent. Son crâne était coiffé d’un heaume du même métal noir que les plaques du plastron. Des jambières venaient compléter cet équipement. On distinguait sur son plastron et sur son heaume, les mêmes symboles que sur son épée qui pendait à sa ceinture et que sur son bouclier qu’il tenait de sa main gauche.

- Démons, aujourd’hui encore vous allez vous battre pour la gloire des enfers. Que chacun se batte jusqu’à la mort. Aucun fuyard ne sera toléré car jamais l’armée de la famille de Tarkhan n’a subit de défaite. Nous sommes une armée forte et puissante, et nous écraserons cette sous race que forment les humains. Les habitants de ce monastère font partie des gens qui ont massacré nos familles il y a une décennie de cela. Vengeons nos frères et exterminons-les…

Aucune réaction ne suivit ce discours, car tous savaient que cette attaque devait se faire dans la plus grande discrétion. Mais Thrann sentait la ferveur de ses soldats qui voulaient en découdre avec les hommes du monastère. Ils n’avaient pas besoin de rugir pour faire entendre leur courage.

Thrann descendit du tonneau et partit au pas de course en direction du monastère. Sans un mot, tous le suivirent, chacun se dirigeant vers son objectif. Ils connaissaient leur mission et n’avait nul besoin qu’on le leur rappelle. Pas un bruit ne se faisait entendre, si ce n’est un léger grondement sourd provenant de la course des démons.

Les arbres défilaient autour d’eux ; ils seraient bientôt en position pour le combat. On sentait une certaine agitation dans le monastère mais rien ne laissait penser que leur présence avait été découverte ; l’alarme n’avait pas été donnée.

Les démons s’étaient déplacés silencieusement et rapidement. Aucun ne souffrait de cette course. Ils pouvaient parcourir des 10aines de lieues en courant et se battre après sans éprouver la moindre fatigue.

Toutes les troupes de Thrann était maintenant en place : Les trois premières compagnies en face de la porte est, tandis que la 5ème et 6ème étaient positionnées sur le flan sud. La 9ème, 10ème et 11ème compagnies se trouvaient en retrait de ces deux flans. La 8ème, 12ème, et la 7ème se trouvaient sur le flan ouest, menées par Thran lui même et toujours à couvert en bordure de la forêt.
La 4ème compagnie n’était pas visible, mais Thran savait que son frère était en ce moment même en train de prendre position sur le coté nord.

Un diablotin arriva devant Thrann et s’inclina :

- Mon maître… le sape de la muraille ouest avance, mais les sapeurs se trouvent confrontés à un problème : les murs ont des fondations bien plus profonde que prévu !
- Arriveront-ils à détruire le mur à temps ?
- Ils ne savent pas mon maître.
- Borgh (Thrann se tourna vers son plus jeune frère) que penses-tu de tout cela ?
- Je pense que cette muraille doit tomber quoiqu’il arrive. Ils n’ont pas le choix. Qu’ils accélèrent le travail et augmentent la dose d’explosif.
- Bien, je vois que nous sommes d’accord.
- Mais mon maître… s’ils augmentent la dose d’explosif, ils ne pourront jamais sans sortir ?
- Il vaut peut-être mieux pour eux qu’ils fassent un tour en enfer, sachant qu’ils ont bien servi leur maître plutôt que de m’avoir déçu et d’en subir les conséquences «ad vitam eternam»
- Bi…bien maître…

Le diablotin s’en alla le plus discrètement possible. Thrann dévisagea Borgh qui regardait le monastère, puis se tourna à son tour vers la colline fortifiée :

- Il est bientôt l’heure…

L’air était immobile, le vent ne soufflait plus. La lune toujours masquée par les nuages n’éclairait que faiblement le champ de bataille. Pas un bruit ne résonnait dans l’air. La tension était à son maximum. Sur les remparts, seules quelques formes sombres se mouvaient scrutant l’obscurité.

« Dong… Dong… Dong… »

Les cloches du monastère commencèrent à sonner minuit !

- Ca y est, nous y sommes …

« … Dong… Dong… Dong… Dong… Dong… Dong… »

- …la bataille commence !

« … Dong… Dong… Dong !!! »

Au douzième coup, la plaine du coté est et sud s’embrasa ! Tous les démons présents sur ces deux flans allumèrent en même temps leur torche ; le spectacle était saisissant ! Sur les remparts, l’alerte fut donnée, et les hommes s’agitèrent. Des cris de paniques résonnèrent à l’intérieur de la ville… ils ne semblaient pas préparés à une attaque de cette envergure.

Les compagnies assignées aux remparts sud et est avancèrent vers leurs objectifs. Tandis que celles qui devaient faire semblant d’appuyer ces deux cotés ne bougèrent pas. De loin, on ne voyait que des points lumineux dans la nuit, les torches étaient visibles de loin mais n’éclairaient pas beaucoup.

On entendit un grand craquement sur les remparts. Thrann tourna la tête pour voir ce qu’il se passait. Une boule de feu fonçait à vive allure vers ses troupes.

- Qu’est ce que c’est que ça ? Ils ont des catapultes ? Ca ne devait être qu’un monastère !!!

La pierre s’écrasa tuant plusieurs de démons qui avançaient vers les remparts. Une autre pierre, venant celle là du mur est s’écrasa non loin des troupes basées de ce coté et ne provoqua que peu de dégâts.

- Apparemment ils en ont une sur chaque coté. Bordel… Où en sont les sapeurs… qu’ils s’activent !

Sur les remparts des ombres surgirent de partout et s’installèrent le long des créneaux. Moins d’une minute plus tard, une pluie de flèches enflammées s’abattit sur les troupes qui avançaient toujours.

- Mais c’est quoi encore ce bordel…
- Maître - un démon venait d’arriver devant Thrann – Les éclaireurs m’informent qu’ils ont aperçut Olrick sur les remparts sud.
- Ce n’est pas possible, les derniers rapports indiquent qu’il se trouve à plusieurs lieux d’ici et qu’il fuit la queue entre les jambes avec le résidu de son armée… - réfléchissant - Mais ça expliquerait un peu mieux cette défense !
- Mon frère… il faut peut-être rappeler nos troupes et revoir nos plans.
- Pas le temps Borgh… Nous n’avons plus le choix. – se tournant vers le messager – dites aux compagnies des fronts est et sud de tenir pour le moment, de faire de légères vagues d’assaut mais d’économiser le gros des troupes. Il faut continuer à faire croire que notre attaque ne se portera que de ce coté là ! Au signal, qu’ils passent à l’attaque !

Le messager partit. Pendant ce temps, il continuait à pleuvoir des projectiles enflammés sur les troupes engagées dans le combat. Les démons semblaient bloqués dans leur avancée. Plusieurs tentatives pour monter sur les remparts s’étaient montrées infructueuses. A première vue, les défenseurs subissaient eux aussi de nombreuses pertes.
Au bout d’une heure de combat, les choses semblaient se stabiliser. Les tirs étaient moins nourris et les démons semblaient reculer. Un messager arriva devant Thrann et s’inclina.

- Maître… les 9ème, 10ème et 11ème compagnies sont arrivées. Nous sommes positionnées non loin du rempart ouest comme vous l’aviez demandé. Les torches que nous avons allumées sont plantées au sol sur les flans est et sud pour donner l’illusion que nous sommes toujours là-bas !
- Bien… tenez vous prêt à passer à l’attaque

Borgh se tourna vers Thrann

- Un messager vient de me dire que les sapeurs doivent faire sauter le mur ouest d’ici 15 minutes.
- Bien… dis lui de lancer le signal.

Borgh se tourna vers le messager et lui fit passer le message. Celui-ci partit en courant vers les troupes situées au sud. Thrann se tourna vers Borgh

- La catapulte que nous avons volée à Olrick va enfin nous servir. J’espère qu’elle marchera… elle semble bien fragile !
- Espérons…

Cinq minutes plus tard, une boule de feu venant des troupes basées sur le flan sud s’envola et vint s’écraser sur la muraille sud, ne provoquant que peu de dégâts ; mais le signal était lancé…

Un rugissement se fit entendre du coté sud et nord. L’ensemble des démons présent sur ces flans venait d’hurler en même temps et commençait à charger la colline ! La vrai confrontation commençait !