Je ne pense pas que vous allez réellement faire cela Monsieur Delacroix.
Le souffle leger de la brise nocturne balaye un instant les quelques mèches claires. Le visage feminin s'illumine d'un petit sourire amical. Son regard plongé dans celui de l'ange semble chercher un signe, une étincelle de sympathie, un souvenir heureux fugitif.
Mais le grand ange aux ailes noires ne se laisse pas faire, les seules pensées qu'il lui laisse percevoir sont sanglantes, sombres, malsaines et intenses.
Il fixe ce regard étrange, les deux yeux ne sont pas de la même couleur, l'un est d'un vert olive et l'autre d'un bleu laiteu, mais chacun brille de douceur et de compassion.
Aprés une période de silence la jeune fille reprend.
Je ne pense pas que vous allez réellement me tuer...
Delacroix ne cille pas, son pouce vient enclancher le chien de son arme vers l'arriere. Seul le petit déclic du Requiem vint répondre.
Le visage sans émotions de l'ange ne semble pas la perturber, encore moins que ce regard d'acier, inquisiteur, ou cet énorme revolver d'argent pointé sur son front.
Elle continue de sourire, un sourire un peu triste maintenant, ni colèrique ni effrayé, juste triste de sentir autant de chagrin en un être.
Quel malheur a bien pu vous frapper pour que vous vous soyez égaré aussi loin de votre route ?
Sa voix était de miel, calme et tendre.
Comment un etre celeste peut-il en venir a renier sa condition et sa foi ?
Vous posez beaucoup trop de question, petite demoiselle. Vous apprendrez à vous écarter de mon chemin à l'avenir quand je vous le demande, si vous avez la chance de survivre à cette balle qui porte déja votre nom.
La haine et les energies démoniaques agissent maléfiquement sur l'ame de l'ange déchu, l'envie de tuer atteind vite son paroxisme. Le cerveau transforme cette envie en un ordre direct et indiscutable, l'information cour à une vitesse dépassant celle d'un courant electrique le long des terminaisons nerveuses, le doigt presse la détente.
La gachette se déclanche, entrainant avec elle le fonctionnement mortellement précis et complexe de l'arme, les rouages se mettent en branle.
Le chien rabattu se met a bouger et accélère dans son mouvement de rotation autour de son axe. Le percuteur vient frapper le culot de la balle, le mélange a l'interrieur de celle-ci s'embrase et explose, expulsant du même coup la balle le long du tube, vers l'extrémité du canon.
La balle maintenant autonome fonce droit sur sa cible, déjà impatiente de déchirer les chairs...
...si vous avez la chance de survivre à cette balle qui porte déja votre nom...
Elle n'a pas réussi, elle ne manquait pourtant pas de volontée, elle voulait le sauver, mais lui ne semblait pas vouloir etre sauvé. En une fraction de seconde elle lit dans son regard cet impulsion meurtrière, cette décharge de haine pure qui va, en quelques millisecondes lui intimer de faire feu.
Le temps semble se ralentir. Elle ne lui veut aucun mal, mais elle ne restera pas sans agir.
Le doigt de l'ange se contracte.
Elle sent l'élément affluer en elle, comme une alarme signalant un danger proche. L'eau et la glace répondent présent à son appel, mais déjà le percuteur de l'arme qui la menace entame sa course effrainée vers la balle.
Plus d'ésitation possible, dans sa main gauche le liquide et les cristaux froix courent, d'abord désordonnés, puis gagnent en ordre et en rapidité.
En cet instant, quelque chose se forme dans sa main.
Un bruit déchire le silence, le coup de feu part, la main armée de la jeune fille vien se placer devant son visage.
Un éclair jaillit de la rencontre entre la balle et ce qui semble etre une lame.
Un sourcil se soulève sur le visage de l'ange. Il vient de rater une cible qui se trouve encore à moins de trois pas de lui. Non, il ne l'a pas ratée.
Il comprend vite, en voyant la jeune fille brandir une étrange lame en forme de demi-lune.
C'est impossible, totalement impossible, son dévouement aux forces Chaotiques lui prévaut une rapidité quasiement inégalée. Et pourtant, la jeune fille douce est toujours là.
Il abaisse son revolver
Vous etes stupide. Cela vous perdra.
Elle relache a son tour sa garde.
Ce n'est pas moi qui vient de manquer ma cible. rétorque t'elle sans animosité.
Le ton de l'ange gagne vite des sommets de froideur.
Je n'ai pas manqué mon tir, vous avez déviez le projectile, ce qui est largement différent.
Vous êtes assez rapide pour interposer une lame dissimulée, entre mon arme et votre visage, vous auriez tout aussi bien pu esquiver et me trancher en deux, mais vous ne l'avez pas fait.
Vous êtes stupide.
Sans attendre de réponse il passa devant elle et reprend sa route pour rejoindre le Begon a Horodes. Il ne se retourne pas mais ne peut s'empécher de murmurer pour lui même.
Je ne connais même pas votre nom...
Elle le suis un moment du regard, et pousse un soupir. La lame en demi-lune a disparue. Elle part du coté opposé, frèle créature sans défense
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Sujet: Requiem pour la déchéance