Retour aux sources

Chapitre 1er : La Chambre

Le soleil à peine levé vint éclairer les pupilles fermées de Néo. Allongé sur le ventre, le drap le recouvrant jusqu’au bas des reins, son corps reprit vie après une bonne nuit de sommeil. Lentement il s’agita, ouvrant péniblement les yeux qu’il protégea de sa main pour ne pas être éblouit. Il se retourna ensuite sur le dos pour finir par s’étirer de tout son long, déployant ses bras comme s’il avait s’agit d’ailes. Se penchant vers la table de nuit, il nota l’heure de son radio réveil, s’apercevant alors du peu de temps avant l’arrivée de sa sœur, il était temps pour lui de se préparer.

Rapidement, il sortit du lit, vêtu d’un simple boxer noir, et se dirigea à la salle d’eau, se retrouvant devant le miroir et face au lavabo. Il se détailla un long moment dans la glace, apparemment content de ce qu’il voyait, puis il s’aspergea le visage d’eau, s’essuya rapidement et s’inonda de déodorant. Il se rendit ensuite vers son armoire, prêt à choisir une tenue quand on frappa à la porte, apparemment celle qu’il attendait été déjà là…

- Entre c’est ouvert !! Héla-t-il, sans bouger.

La poignée s’abaissa et la porte s’entrouvrit pour laisser poindre le pâle et doux visage d’Hildegarde. Elle finit par entrer, refermant avec délicatesse la porte, posant un œil complice sur son frère indécis quant à sa tenue à porter. Posément, elle se présenta dans le dos du démon, glissant son index sur son épaule…

- Salut, je suis un peu en avance on dirait.

Néo se retourna pour lui faire face, la trouvant dans une jolie tenue qu’elle portait très souvent depuis quelques temps, un pantalon noir très moulant évasé vers le bas et un chemisier blanc assez étrange, difficilement imaginable qui lui allait comme un gant. Il vint lui déposer un baiser sur la joue, tout heureux de la voir…

- Je dirais plutôt que c’est moi qui suis en retard, mais cela n’a pas d’importance, assieds toi, je n’en ai pas pour long.

Comme à son habitude, elle l’embrassa sur le coin des lèvres, une main posée sur son torse musclé. Elle se recula, le détaillant avec intérêt…

- Mmmh je préfère rester debout. Dis moi, je comprends pourquoi Shalaca n’est pas indifférente à toi, tu ne manque pas d’atout.

Le démon ne pu cacher ses joues qui s’empourprèrent ostensiblement à cette remarque…

- Ah à toi aussi je plais, mouai peu importe, bon euh si tu m’aidais plutôt à me trouver une tenue.
- Oui pourquoi pas, voyons…

Elle s’avança donc vers l’armoire, posant sa main sur le premier cintre et glissa ses doigts tout le long de la penderie, s’arrêtant de-ci de-là sur une chemise, finissant au bout d’une bonne minute par en sortir une belle chemise en soie blanche avec des liserés or sur le col en pointe ainsi qu’une lettre N sur chaque montant…

- Voilà pour la chemise, allez tourne toi et tends les bras.

Tout sourire, il obtempéra sans discuter, laissant Hild enfiler les manches, ses mains effleurant ses flancs afin d’y apposer la chemise…

- Bien avec ça, je dirais un jean noir, qu’en dis-tu ?
- Non, prends plutôt le clair avec le ceinturon doré, Hildy.

Elle ne chercha pas à discuter et sortie le jean qu’il lui avait désigné…

- Allez retourne toi, puisque j’ai commencé, je vais terminer.

Pendant qu’il se retournait, elle coinça le jean entre ses cuisses, afin de permettre à ses mains de boutonner sa chemise. Une fois fait, elle déplia le jean et écarta bien l’ouverture…

- D’abord la jambe gauche.

Sans réfléchir il enfila la première jambière, puis la deuxième suivit aussitôt, enfin elle monta le pantalon, lui lançant un regard amusé tout en attachant avec habileté les boutons et le ceinturon pour finir par se reculer et lui permettre d’avoir une vue d’ensemble…

- Mmmh t’avais raison le bleu clair te va à merveille.
- Oui merci.
- Bon cette fois tu es prêt ?
- Je crois bien, alors en voiture mademoiselle.

Néo s’avança vers la sortie, récupérant au passage ses clés de voiture. La main sur la poignée il tourna la tête en direction de sa sœur…

- Au fait j’espère que tu n’as pas peur de la vitesse ?
- Bien sur que non, pour qui me prends-tu ?
- Euh pour personne désolé.
- Oui c’est ça, allez file, avant que je t’attrape.

Les deux silhouettes disparurent alors de la chambre, la porte se refermant lentement sur la pièce désormais vide…

Chapitre 2 : Le Voyage

Dans la rue déserte, la Lamborghini les attendait, le soleil du matin se reflétait dans le pare-brise, leur faisant fermer les yeux un instant. Néo fit une impulsion sur les clés, relevant les portières en ellipse, puis il s’installa rapidement côté conducteur. Hildy beaucoup moins habitué aux voitures, pris son temps pour se glisser à la place passager ce qui fit largement sourire son frère…

- Quelque chose te perturbe.
- Non.
- On dirait que tu as eu peur de monter dans mon bijou
- Tsss, pas du tout.
- Très bien attache ta ceinture.

Bouclant sa ceinture, elle haussa les épaules, agacée qu’il puisse ainsi se moquer d’elle, mais dans un sens et malgré qu’elle semblait dire que tout aller bien, on pouvait nettement voir de l’appréhension se dessiner sur son visage.

Les portes refermées, la voiture pu alors démarrer, le démon ne pouvant s’empêcher de faire crisser les pneus, lançant le bolide dans la rue dans une accélération qui colla sa sœur au siège, la faisant se crisper les mains au siège…

- Néooo !! Moins vite.
- Beh je croyais que tu ne craignais pas la vitesse.
- Oui et bien je me suis un peu trop avancé.

L’allure de la voiture baissa nettement et elle continua sa route en direction de la sortie nord de la ville. Néo ne disait pas un mot, comme s’il était concentré sur sa conduite mais à y voir de plus près on aurait pu s’apercevoir qu’il était dans ses pensées, retombé dans son passé le plus lointain, dans un lieu qu’il allait bientôt retrouver et qui lui rappelait des souvenirs douloureux. Sa sœur l’observait avec attention, venant lui caresser la cuisse pour le rassurer...

- Je suis là Néo, alors ne t’en fais pas.
- Je ne m’en fais pas
- Tu mens très mal, tu sais si tu ne veux plus y aller, je comprendrais.
- Non on y va, sinon on ne trouvera jamais qui elle était.
- Parfait alors respire un bon coup et reste zen.

Ils étaient maintenant sortis de la grande ville et parcoururent plusieurs dizaines de kilomètre pour arriver à destination, une petite ville de banlieue pas des plus accueillantes. La voiture s’arrêta alors devant de large grille. Derrières ces grilles se trouvaient une grande cours emplit de jeux d’enfant, puis en levant un peu les yeux, on tombait sur un massif et sombre bâtiment symétrique qui ressemblait à une école. Au centre de l’édifice trônait une tour carrée avec une large pendule et une grande porte d’entrée au-dessus de laquelle était gravée « Orphelinat Sainte Marguerite »...

Néo, mains serrées sur le volant, contemplait l’édifice, des images de son enfance refaisant surface, lui montrant un bâtiment des plus austère et gris, tout le contraire de ce qu’il voyait aujourd’hui. L’endroit, quoique toujours gris, paraissait plus accueillant avec sa cours où les jouets traînait, signe que les enfants avaient le droit d’y jouer. La sonnerie qui retentit et les enfants qui accoururent au dehors confirmaient les impressions du démon sur les changements de cet orphelinat.

- Ca va mon grand ?

La main de sa sœur s’agitait devant son visage, essayant de le faire réagir...

- Oh euh, oui c’est juste que cet endroit a bien changé depuis mon départ.
- En mieux ?
- A première vue oui, allons voir de plus près.

Chapitre 3 : L’Orphelinat

Il se décida à sortir de la voiture, suivit d’Hildy, et se dirigea vers l’entrée, faisant retentir la cloche du portail en tirant sur la chaînette. Les enfants trop occupés à s’amuser ne firent pas attention aux deux étrangers, mais bientôt une silhouette apparut à la porte et se dirigea vers eux. Cette silhouette féminine, le démon sembla la reconnaître, pourtant non c’était impossible, elle ne pouvait pas être ici, et surtout pas dans cette tenue.

- Bonjour, en quoi puis-je vous être utile ?

Cette voix sonna dans l’esprit du démon qui, à son grand étonnement, la reconnu comme celle appartenant à cette religieuse si avenant à son égard lors de son passage à l’Orphelinat. La voix tremblant, il bégaya quelques mots...

- Sœur... Noémie !! C’est... bien vous ?

La femme redressa la tête, surprise qu’on la nomme ainsi, et fixa avec attention Néo, alors qu’en retrait Hildy la toisait avec intérêt...

- Je... oui c’est moi, mais je ne suis plus sœur. Mais... qui êtes-vous ?
- Eh !! Néo ça ne va pas ?
- Je...
- Néo vous dites ?
- Bah oui

Assez désabusé le démon semblait avoir perdu sa langue devant ce fantôme du passé qui réapparaissait devant lui, quant à Noémie, elle n’en revenait pas et en ouvrit la grille pour le détailler de plus près...

- Mon dieu comme tu as changé, si bien sur tu es le seul Néo que je connaisse, Néo Narün.
- A vrai dire c’est bien lui, et au vu de sa tête, j’ai l’impression qu’il ne s’imaginait vous voir ici.

Hildy posa une main sur l’épaule de son frère pour le faire réagir...

- C’est impossible, vous étiez parti à cause de moi
- C’est vrai Néo, mais bien des choses ont changé depuis que... tu... enfin tu sais

La femme était troublée, et dans l’esprit de Néo resurgit cette nuit où il avait fuit en tuant la mère supérieure...

- Après sa mort, tout a changé et je suis revenu, mais plus comme religieuse, ce que j’ai vu ici m’a quelque peu écarté de Dieu, enfin c’est une longue histoire. Il serait préférable d’entrer pour en discuter, si tu le veux bien.
- Bien sur

Hildy acquiesça également et les suivit, observant avec amusement tous les jeunes orphelins chahutant dans la cours, jusqu’à disparaître à l’intérieur du bâtiment, accélérant le pas pour le rejoindre dans un bureau. Elle referma la porte et s’installa silencieusement face au bureau, détaillant avec curiosité le lieu...

- Je n’aurai jamais imaginé te revoir, cela fait si longtemps et sans ton nom jamais je ne t’aurai reconnu.
- Beaucoup de choses se sont passées.
- Mais dis moi qui est ton amie ?

Noémie lança un regard des plus amical à Hildegarde, puis se tourna vers Néo...

- En fait, cela va sans doute vous troubler, mais c’est ma sœur jumelle, Hildegarde.
- Ta sœur jumelle ?

Le démon se mordit nerveusement la lèvre inférieure, cherchant ses mots pour ne pas l’apeurer...

- Oui seulement il va m’être difficile de vous expliquer.
- Je vais le faire. Noémie, croyez-vous encore à l’existence de Dieu ?
- Je... oui bien sur, mais...
- Bien, maintenant croyez-vous aux anges, ses serviteurs ?
- Je ne sais pas, j’imagine qu’au fond de moi, oui j’y crois
- Je vois, alors si je vous dis qu’en ce monde, il existe des anges et qu’ils combattent au nom de Dieu les serviteurs des enfers, me croiriez-vous ?

Noémie s’effondra dans son fauteuil, son regard faisant des va-et-vient incessant entre Néo et Hildy, essayant de bien comprendre les dires de la succube.

- Vous voulez me faire croire que vous êtes des anges.
- Pas exactement, plutôt des démons.
- Elle dit la vérité.

Relativement paniquée, la femme ne pu s’empêcher de faire son signe de croix, commençant à se demander si elle ne rêvait pas...

- Non, c’est impossible, cela ne peut être vrai.
- Et pourtant je vous promets que c’est la vérité.

Néo, dont les yeux avaient gardé leur couleur mauve, du se résoudre à se montrer sous son côté plus démoniaque, faisant luire ses yeux d’un rouge écarlate. Noémie n’en revenait pas et ouvrait grand les yeux, totalement stupéfaite par cette vision qu’elle n’aurait pu imaginer encore un instant plus tôt...

- Par tous les saints !! Néo, je... je ne comprends rien à tout cela, tu es un... démon ?
- Oui et je suis mort, comme ma sœur.
- Mais comment peut-elle être ta sœur ? On nous a toujours dit que ta mère était morte en te mettant au monde, mais personne n’a évoqué une sœur jumelle.
- Tout simplement parce qu’elle n’est jamais vraiment née.
- Ecoutez, pour être clair, je suis morte née, et n’est jamais goûtée à la vie humaine, alors en théorie je n’existe pas en ce monde.
- Tout cela est difficile à comprendre pour moi, alors je vais essayer d’admettre ce que vous me dites. Maintenant pourquoi es-tu revenu Néo ?
- En fait, j’espérai retrouver dans les archives le nom de notre mère et savoir où elle fut enterrée.

La femme, malgré une certaine appréhension, sourit avec tendresse au démon, sentant bien qu’il n’avait que de bonnes attentions...

- Les archives de l’ancien orphelinat se trouvent au sous-sol, je vais vous y conduire.
- D’accord allons-y.

Chapitre 4 : Le Dossier

Les trois silhouettes sortirent du bureau et s’enfoncèrent dans les couloirs lumineux du bâtiment, décidemment tout avait bien changé. Des dizaines d’images de ce lieu affluèrent dans l’esprit de Néo, souvenir d’un passé qui ressurgissait, des couloirs sombres qu’il avait foulés des centaines de fois avec à chaque instant la peur d’y croiser la mère supérieure, des punitions en passant par les corvées et autres corrections reçues pour avoir voulu se faire entendre. Il suivait mécaniquement Noémie sans même s’en rendre compte, totalement absorbé par ses visions. Suivant quelques mètres derrière, Hildegarde quant à elle, détaillait avec curiosité l’endroit, elle qui n’avait jamais vraiment vécu d’enfance semblait apprécier ce lieu où les murs, emplit de dessins, respiraient l’innocence des enfants et la joie de vivre.

Ils descendirent un large escalier sombre et arrivèrent enfin devant la porte des archives. A la poussière sur le sol, on pouvait constater que le sous-sol était rarement visité, voir jamais. Noémie glissa la clé dans la serrure et entreprit d’ouvrir la porte sans pour autant y parvenir...

- Je crains que la porte soit bloquée.
- Je vais essayer de l’ouvrir.

Néo tenta de pousser cette porte qui resta définitivement bloquée jusqu’à ce que Hildy, qui commençait à s’impatienter, n’écarte son frère et n’enfonce son pied dans cette satanée porte, la faisant voler en éclat dans un nuage de poussière. Après avoir toussotait et que le nuage se soit dissipé, la succube, toute souriante, s’engouffra dans l’ouverture tout en s’époussetant...

- Vous venez ?
- Euh... veuillez l’excuser, elle n’a pas pour habitude d’être patiente.
- Ce... ce n’est rien.

Noémie se força à sourire, peu rassuré face à l’attitude de la succube. Elle suivit malgré tout Néo à l’intérieur, allumant au passage la lumière, l’ampoule située au centre du plafond illuminant péniblement la pièce poussiéreuse. Déjà Hildy farfouillait dans les dossiers sans grande délicatesse...

- Hum... laissez moi faire.
- Non c’est bon je maîtrise.
- J’insiste, s’il vous plaît.
- Mais...

La succube fixa avec insistance la femme, lui laissant la place face au regard des plus insistant de son frère. Noémie l’en remercia, puis se mit en quête du dossier « Narün », elle prit une extrême délicatesse avec les cartons d’archive, sous le regard agacé d’Hildegarde...

- Elle... elle est toujours aussi...
- Impatiente, oui, mais il ne faut pas s’en soucier.
- Oh bien, mais pourrait-elle... enfin... sortir ?
- Je crois que c’est possible, n’est-ce pas Hildy ?

Elle ne répondit pas, préférant sortir sans discuter, laissant Néo au côté de cette humaine qui avait une place très importante dans son cœur.

- Merci, je suis désolé si j’ai pu la contrarier.
- Ce n’est rien, je comprends qu’elle ait pu vous mettre mal à l’aise, et peut-être que moi aussi je devrai attendre dehors.
- Oh non Néo... toi c’est différent.
- Peut-être, mais qui vous dit que je n’ai pas changé ?
- C’est indéniable tu as changé, seulement au fond de toi, et même si tu as fait des choses graves, il y a toujours cet enfant adorable curieux de tout, prêt à défendre les plus faibles. Cet enfant qui venait me voir en cachette pour trouver une oreille attentive.

Néo lui sourit, essuyant de revers de sa main ses yeux prêts à pleurer...

- Il est toujours là, vous croyez ?
- Non j’en suis sûr, et je ne te blâme pas pour ce que tu as fait, au fond elle le méritait. Je sais qui tu es, et je sais que je ne risque rien. Oh le voilà !

Noémie agita un vieux dossier devant le nez du démon où était écrit en lettre majuscule « Néo Narün ». Elle l’ouvrit sur la première page et le tendit à Néo qui s’en empara avec la curiosité qu’elle lui connaissait...

N° de Dossier : 170380
Enfant : Néo Narün

Mère : Eléonore Narün
Père : Inconnu

Cause du placement : Mère morte en couche, pas d’autres parents connus
Lieu de placement : Orphelinat Catholique Sainte-Marguerite

Concernant la mère.

Certificat de décès N°911 : Morte à l’Hôpital St-Jean
Enterrée au Cimetière de la ville (Allée 15, Tombe A5)

Le démon avait lu attentivement les informations relatives à sa mère, puis referma le dossier qu’il tendit à Noémie

- J’aurai tant voulu la connaître.
- Quoi de plus normal.

La main de la jeune femme se posa sur la poitrine du démon au niveau de son cœur.

- Mais elle est tout près de toi, là dans ton cœur à veiller sur toi et ta sœur.
- Oui vous avez certainement raison.
- J’ai raison oui.
- Bien, remontons, j’ai toutes les informations nécessaire pour allez me reposer sur sa tombe.
- Oui et c’est ça l’essentiel.

Noémie se dirigea vers les escaliers suivit de près par Néo qui prit soin d’éteindre la lumière et de refermer tant bien que mal le restant de porte. Arrivée au rez-de-chaussée, ils se dirigèrent vers le hall d’entrée où les attendait une Hildy assise sur les marches en pleine contemplation de la cours dont avait pris possession les orphelins...

Chapitre 5 : Le Foot

La succube, les coudes posés sur les cuisses, le menton soutenu par ses mains, observait avec intérêt les jeux des enfants, certains faisant de la balançoire hurlant de bonheur à chaque envole dans les airs, d’autres tapant dans un ballon, comme aimait le faire son frère, jouant à sautiller sur d’étranges cases dessinés sur le sol ou alors sauter à la corde, et enfin d’autres s’échangeant de drôle de cartes en débattant comme s’il s’agissait d’un business important.
Dans un soupir, Hildegarde afficha une mine presque triste, triste d’avoir raté toutes ses années d’innocences, d’enfances. Mais bientôt le ballon qu’elle reçut en pleine tête la fit réagir et revenir à elle...

- Eh !! Aïeuuuh !! Qui a fait ça ?!

Elle jeta un œil à droite, à gauche pour finalement poser son regard sur une petite fille qui avait tout du garçon manqué, jean usé et un maillot de foot délavé avec un étrange écusson où trônait en son centre un petit diablotin et autour des inscriptions en partie effacées « M ... U » « Foot ... club ». La fillette toisa alors avec curiosité la tête d’Hildegarde sans se démonter...

- C’est moi m’dame, pas fait exprès.
- ‘core heureux.
- Dis, pourquoi t’as déjà les cheveux blanc, t’es pourtant pas vieille ?
- J’t’en pose des questions moi, et d’abord pourquoi tu joues à un jeu de garçon toi ?
- T’as posé une question m’dame, et pis j’fais c’que je veux, pis le foot c’est pas que pour les mecs.
- Mouai toute façon t’as l’air de plus t’y connaître que moi.

Hildegarde se décida alors à ramasser le ballon tombé à ses pieds et le tendit à la fillette qui s’en saisit sans aucune réticence...

- Merci m’dame.
- Hildy, j’préfère.
- Ok, dis t’as l’air de t’ennuyer, tu veux jouer ?

Elle haussa les épaules, puis en plongeant son regard glace dans les prunelles couleur noisette de la gamine qui la détaillait avec gentillesse, elle afficha un petit sourire amical et se leva. Elle n’avait jamais pu s’amuser alors pour une fois qu’on lui en donnait l’occasion.

- Pourquoi pas, c’est proposé si gentiment.
- Cool !! Y nous manquait un gardien.
- Un quoi ?
- Rien tu verras.

Oh ça pour voir, elle vit rapidement ce que c’était qu’un gardien, et arrêter des ballons ce n’était apparemment pas son fort. La succube se faisait littéralement canarder par les mioches qui se donnait un malin plaisir à la viser.

- Aouch !! C’pas une vie gardien !! N’empêche là si vous me dites que c’est pas fait exprès j’vais difficilement p’tits démons.
- Démon toi-même ?
- Gni ?

Et bam un nouveau ballon en pleine tête qui coucha la succube.

- Charline !! Doucement !!

La fillette se retourna pour voir Noémie aux côtés d’un drôle de d’homme aux étranges cheveux mauves qui semblait rire de voir Hildy à terre à cause d’un simple ballon de cuir bien placé.

- Oh m’dame Noé, on s’amuse c’est tout, votre ami ça le fait rire lui.

Et c’est vrai qu’à voir Néo on pouvait se dire que il n’avait rien de mal à martyriser sa sœur, alors elle laissa faire les choses, trop heureuse de voir son ancien protégé avec le sourire. Celui rejoignit alors sa sœur qu’il aida à se relever et la partie de foot compta bientôt un nouveau joueur en la personne du démon.
Alors le match s’éternisa même bien après que la cloche ait retenti, les enfants s’amusaient tellement que pour une fois la directrice dérogea à ses règles...

Chapitre 6 : Les Adieux

Puis finalement c’est la journée entière qui s’écoula à l’orphelinat où les Narün furent convié à la table de Noémie pour les repas, elle était curieuse de connaître tout ce qui leur était arrivé.
Il était difficile pour elle de tout assimiler, mais peu importe, elle avait revu son Néo, ce petit garçon qu’elle avait aimé comme un mère et qui même changé, restait au fond de lui le même.
La nuit avait fini par tomber sur le petit orphelinat et il fut bientôt temps pour eux de quitter les lieux. Hildegarde qui c’était fait une jeune amie du se résoudre à monter la border et lui dire au revoir. Elle n’avait jamais fait ce genre de chose auparavant, mais il faut avouer qu’elle n’avait connu un endroit où flottait autant de bonheur dans l’air.

- Dis Hildy, j’voudrais être comme toi quand j’serai grande.
- Oh, écoute si tu veux, mais tu as tout ton temps, alors ne grandis pas trop vite Charline.
- Oui mais...
- Chut, y a pas de mais ...

La succube avait posé l’index sur la bouche de la fillette qui se jeta ensuite dans ses bras, la serrant tendrement par le cou.

- J’adorerai que tu sois ma maman !
- Wah c’est gentil ça, je ... tu sais quoi, si je pouvais ... j’adorerai être ta maman.
- Mais c’est impossible hein, dis ?
- Non et je le regrette ... sincèrement.

Hildy frotta avec affection le dos de la fillette avant qu’elle se couche et qu’après lui avoir embrassé le front, elle la borde.

- Tu reviendras dis ?
- Promis, et si tu as un souci, cries mon nom, qui sais j’apparaîtrais peut-être.
- Oh comme un genre d’ange gardien ?
- Exactement, ce sera notre secret.
- Merci.

Pendant ce temps son frère faisait ses adieu à Noémie, ou du moins un au revoir. Devant la grande porte, les deux silhouettes discutaient d’un peu tout, relatant leurs souvenirs en commun et cherchant à découvrir comment le monde fonctionnait finalement...

- Te revoir m’a fait grand plaisir Néo, bien sur tes révélations sont plutôt troublantes et change ma vision du monde, mais cela n’a pas de réel importance à mes yeux.
- Qu’est-ce qui est important alors ?
- Et bien, toi, ce que tu es devenu ... un démon, à première vue un être maléfique et pourtant une part de toi restera toujours humaine.
- Sans doute oui.

La jeune femme posa sa douce main sur la joue de Néo qui ferma les yeux sous sa caresse...

- Cette journée le prouve, tu as montré que ton bon côté, et je sais pourquoi. Ne perd jamais cette petite touche d’humanité.
- Je n’y compte pas.
- Et pour moi qu’importe tes actes, tu seras toujours le bienvenu ici, tu vois moi je n’ai pas peur de ce que tu es, car je sais que je ne risque rien.
- Je vous aime trop pour vous faire le moindre mal, vous avez tant fait pour moi.

Alors le regard plein de larmes de bonheur, le démon enlaça Noémie, et la serrant avec tendresse il lui montra toute son affection. Pour un instant, il redevenait le petit enfant timide et sensible qu’elle avait quitté quelques années plus tôt.

- Surtout Néo, prends soin de toi et surtout repasse nous voir quant tu veux.
- Je sais, merci, sincèrement...

C’est le moment qu’avait choisi Hildegarde pour apparaître et tombant sur cette scène émouvante, croisa les bras, jouant les airs blasés par tant d’amour...

- Bon on y va p’tit frère ?

Néo se détacha brusquement de sa protectrice, gardant malgré tout un bras autour de sa taille et toisa sa sœur avec un sourire moqueur...

- En fait je n’attendais plus que toi. Mais dis moi quelque chose ne va pas ?
- Pas du tout, pourquoi dis-tu ça ?
- Oh pour rien, j’avais juste ressenti une certaine pointe de dégoût dans ce moment de tendresse.
- Possible et alors ?
- Tu faisais quoi là-haut ?
- Je ... pff laisse tomber, hein !

La succube décroisa les bras et fit sa tête ronchonne alors que Noémie, qui n’avait rien dit jusque là, ne pu s’empêcher de rire face à cette situation...

- Oh mais c’est qu’une enfant, j’pouvais pas la repousser tout de même.
- Tu t’es attaché à elle, avoues le.
- Grrr peut-être et alors, ça te regarde ?
- Moi, non non, mais s’il te plaît arrête de faire ta dure.
- D’accord, ça va c’est bon, j’ai compris.

Hildy retrouva son sourire et s’avança vers la sortie. Passant tout près de la jeune femme, elle posa une main sur son épaule et s’arrêta un instant vers elle, plongeant son regard iceberg dans le sien...

- Surtout veillez bien sur Charline, c’est un petit amour.
- Promis Hildegarde, vous pouvez avoir confiance en moi.
- Parfait.

Elle continua son chemin après avoir acquiescé de la tête...

- Au revoir Noémie.
- Au revoir Néo.

Finalement le démon lâcha la taille de la jeune femme et descendit les escaliers quatre à quatre afin de rattraper sa sœur...

- Eh !! Hildy attend moi !!
- Dépêche !!

Chapitre 7 : Le Cimetière

Visiter un cimetière de jour ce n'était souvent pas très palpitant, mais s'y rendre une nuit d'orage avait quelque chose de bien plus excitant. Voir d'étranges ombres se dessiner à chaque éclair ou entendre les bruits intrigants de la pluie dans les rigoles des allées ou encore apercevoir les brumes de chaleur se dégageant du sol que le soleil avait chauffé toute la journée, tout cela ne donnait pas un aspect très rassurant à ce cimetière. En tout cas cette atmosphère pesant n'empêcha pas Néo et Hildegarde de pénétrer dans l'enceinte, poussant la lourde grille qui grinça lugubrement, ce qui ne donnait vraiment pas envie d'entrer.
La pluie battante accueillit le couple qui se retrouva rapidement détrempé, mais cela n'empêcha celui-ci de traverser l'allée principale en quête de la tombe de leur défunte mère...

- Pourquoi a-t-il fallut qu'on y vienne cette nuit ?
- Ne me dit pas que t'as peur ma grande.
- Tss !! Non c'est juste que, va trouver une tombe dans le noir et ... merde regarde mes fringues !!
- Oui c'est marrant on voit tout par transparence. Et dis moi pas que t'es devenue pudique au point de cacher tes jolies formes ?
- Rhaaa mais non, ça colle c'est tout, pis ... bon laisse tomber, et bifurque plutôt à droite, voilà l'allée 15.

En effet ils approchaient du but, encore quelques enjambées quand une furtive forme noire traversant entre deux mausolées les stoppa net dans leur marche. Sur ses gardes, la succube en dégaina même ses saïs et fixa le sol avec méfiance...

- C’était quoi ça ?
- Aucune idée, un chat ou alors un rat, détends toi.
- Mouai, seulement j’ai l’impression qu’il y a un truc malsain dans ce cimetière.
- Oui le taux d’humidité sans doute... Aouch !!

A la remarque du démon, sa sœur répondit par une tape derrière sa tête, puis elle continua son chemin jusqu’à la tombe A5, où il ne tarda pas à la rejoindre. C’était une modeste parcelle du cimetière, sans doute un simple cercueil recouvert de terre, et une stèle de pierre avec comme seule inscription :

Eléonore Narün

Néo s’était agenouillé pour lire l’inscription, un peu déçu de n’y lire que cela, Hildegarde quant à elle, baissa tristement la tête, se demandant pourquoi sa mère était si pauvrement enterrée là. C’est là, au même moment que les doigts du démon glissaient sur le nom de sa mère, qu’une voix féminine, semblant venir de nul part s’adressa à eux...

- Les dates ne sont pas nécessaires, pas plus que les mots d’Adieu, seul le nom à de l’importance mes enfants. C’est grâce à lui qu’enfin vous êtes ici.

Des voix dans leur tête, les démons en avaient entendu des centaines, mais celle-ci sonnait différemment et bien qu’ils ne l’avaient jamais réellement entendu auparavant, ils la reconnurent de suite et l’associèrent aussitôt à leur mère. Cette voix semblait avoir toujours fait parti d’eux, mais bientôt il y eut plus que cela. Une fascinante lumière rosée émana bientôt de la stèle alors que la pluie avait d’un coup cessé. Et de cette lumière apparut la silhouette d’une femme, de leur mère dans une somptueuse robe aux doux reflets ivoires qu’une lumière blanche vint mettre en valeur. Hildy et Néo fixèrent avec fascination les traits fins de leur mère à la chevelure noire de jais et aux yeux tout aussi noirs...

- Maman ?
- C’est bien moi oui.
- Comment est-ce possible ?
- Rien n’est impossible en ce monde et vous en êtes la preuve.
- Mais pourquoi te montrer seulement maintenant ?
- Car il a enfermé mon âme dans cette stèle, il vous fallait donc venir à moi.

Aux paroles de sa mère, Hildegarde frissonna et des images de ce « il » en question lui revinrent à l’esprit...

- Le ...
- Oui le maître comme il aime à se nommer.
- Qui est-il ?
- Il fut une époque où c’était votre père.

La succube encaissa bien plus mal que son frère, qui lui resta stoïque, ce que lui révélait leur mère. Elle ne voulait pas admettre cela et secouait obstinément la tête, serrant les poings, acceptant mal cette vérité...

- Saches Hildegarde, qu’il n’a pas toujours été comme tu l’as connu, et n’a pas toujours eu cette voix malsaine qui t’a souvent guider dans tes choix Néo.
- Alors pourquoi a-t-il changé ?
- Le pouvoir l’a rendu prétentieux et la folie s’est emparée de son esprit. Mais je ne sais pas exactement ce qui est l’origine de cela, ce que je sais seulement c’est qu’il vous cherche.
- Il veut récupérer le fruit de son travail.

Dans l’esprit de sa fille tout devenait plus clair, même Néo commençait à comprendre les desseins de celui qui était leur père.

- Oui il a une mission pour chacun de vous, mais quoi, cela il est seul à le savoir. Seulement vous êtes prévenu, et le jour il vous trouvera, je serai là avec vous pour le combattre.
- Mais comment te sortir d’ici ?
- On ne le peut pas et même si c’était possible, alors mon âme vous échapperez et vous me perdriez pour toujours.
- Nous pourrions emmener la stèle avec nous.
- Bonne idée Hildy.

Un sourire tendre traversa le visage fantomatique de leur mère, et le contact doux et réconfortant de ses mains, qui n’avaient pourtant bougées, caressa chaleureusement le visage de ses enfants.

- C’est bien pour cela que vous êtes là, mes chers enfants.

Alors tout s’enchaîna très rapidement, la stèle fut descellée et péniblement transportée jusqu’à la voiture qui les attendait au dehors. Leur mère était enfin auprès d’eux, sa voix dans l’esprit des enfants était maintenant bien plus qu’un mirage, à tout instant elle pourrait désormais communiquer avec eux.

- Tant que je resterai dans cette voiture, hors de terre je pourrai vous parler ou que vous soyez. Mieux vaut donc me cacher ici, et surtout ne le dites à personne.
- Tu n’as pas à t’inquiéter. Néo tient suffisamment à sa voiture pour en prendre tellement soin que tu seras tout à fait en sécurité dedans. Eh !! Aïeuuh !
- Tu l’as cherché tite sœur.

La succube se frotta vigoureusement l’arrière du crâne et s’installa finalement dans la voiture. Ils filèrent bientôt en direction du manoir, heureux comme jamais d’avoir Eléonore Narün avec eux...

Chapitre Final : You’re not alone

La pluie tombait à nouveau avec force sur les pavés lorsqu'ils arrivèrent chez eux, le temps de sortir et main dans le main ouvrir la lourde porte du manoir, leur cheveux ainsi que leur vêtements à peine sec furent encore une fois détrempés. Le couple se rendit directement dans la chambre du démon, escaladant quatre à quatre les marches du grand escalier en laissant derrière eux les traces humides de leurs pieds sur les tapis. Encore haletant de leur course qui les avait menait dans la chambre, Néo referma la porte, puis se secouant la tête dans le but de remettre sa chevelure mauve en place tout en s'adressant à sa soeur, qui quant à elle se frottait vigoureusement les épaules que le froid avait glacé...

- Si tu as froid, va prendre une bonne douche chaude, j'irai ensuite.
- Moi ! Froid, pas du tout ... enfin j'ai rien contre une bonne douche, la journée a été longue.

La succube posa une main sur le torse de son frère et avec un regard emplit de malice, elle alla directement à la salle d'eau. Elle laissa comme à son habitude la porte entrouverte et bientôt on pu entendre l'eau jaillirent dans une volute de vapeur, puis les soupirs de satisfaction de la belle. Néo se contenta d'attendre son tour debout dans l'entrée, ne souhaitant pas mouiller un fauteuil ou le lit.
Hildy avait pris largement son temps avant d'enfin réapparaître dans la chambre, une longue serviette bleue cachant ses sublimes formes.

- Voilà la douche est tout à toi.

Le démon la toisa avec un large sourire tendre, et se demandait bien ce que signifiait le regard pénétrant de sa soeur en l'invitant à prendre sa place à la douche. Malgré tout, il s'installa à son tour dans la douche.
Pourquoi sa soeur l'avait tant détaillé, Néo le su très vite lorsque celle-ci, poussait par sa curiosité et une petite touche de provocation, posa ses mains douces dans son dos et le lui caressa tendrement...

- J'me disais juste que tu pourrais avoir besoin de moi pour te frotter dans le dos.

Aux contacts des mains, il s'était légèrement tourné, un peu étonné des tendres attentions de sa soeur. Puis finalement, acquiesçant d'un geste de la tête, il la laissa faire, pas mécontent qu'on puisse s'occuper de son dos. Hildy s'appliqua à détendre son dos, cherchant au début, ni trop, ni trop peu, ses mains descendant en larges mouvements circulaires le long de son dos jusqu'aux bas des reins.
S'il avait pu voir le regard de sa soeur, il aurait su qu'il n'y avait pas que de la tendresse fraternelle, mais aussi pas mal de gourmandise dans ses prunelles qui brillaient d'une lueur qui se rapprochait beaucoup d'une lueur amoureuse avec quelque chose en plus.
Et à force de caresses plus ou moins rapide, la succube en perdit sa serviette, d'ailleurs elle perdit bientôt le peu de contrôle qu'elle avait encore sur elle et vint se coller à son frère, l'enlaçant avant de déposer un chaleureux baiser sur sa nuque, ce qui le fit frissonner...

- Eh ... Hild qu'est-ce qui t'arrive ?

Mais elle ne répondit pas, les yeux à demi clos, la joue posée contre son épaule, elle ne desserrait plus son étreinte autour de son torse, se délectant de son coeur qui chavirait face à ce contact charnel.
Néo n'était pas plus mal à l'aise que cela, il trouvait juste la situation particulière, et la seule solution qu'il eut pour faire réagir sa soeur et la faire sortir de son mutisme, fut d'ouvrir l'eau froide qui cingla les deux corps, faisant sursauter la demoiselle...

- Mouarf, non Néo, pas l'eau froide !!
- Aïeuuh !!

Par la force des choses elle avait du se résoudre à se détacher de lui, non sans lui avoir pincer les fesses, plus par jeu qu'autre chose. Par peur de représailles, elle se précipita vers la sortie, mais son frère, bien plus vif, réussit à se saisir d'un de ses bras à l'entrée de la chambre.
Le démon, dans son élan et surtout avec ses pieds glissant sur le parquet, fit chuter sa soeur au sol et en moins de temps qu'il ne le fallait pour le dire, ils se retrouvèrent l'un sur l'autre.

Dans leur regard plongé l'un dans l'autre se dégageait un étrange sentiment, que les sensations de leur deux corps humides plaquaient l'un contre l'autre n'aidaient pas à faire disparaître. Un silence pesant, que seul leurs deux respirations saccadées se permettaient de briser, s'installa entre eux. Aucuns d'eux ne voulaient prendre l'initiative, comme si une force invisible leur interdisait de faire le moindre geste.
Tout autour d'eux plus rien n'avait vraiment d'importance, il plongeait peu à peu dans un monde à eux chacun ressentant les pensées et les sensations de l'autre avec la même force que les leurs. Alors bien sur, dans ses conditions, le simple fait que leurs deux visages soient si proches et que leurs lèvres se frôlent dangereusement, et sans doute un peu à cause leur envie commune, ils finissent par s'embrasser.

La succube, qui n'attendait que ça, mordit à pleine bouche les lèvres de son frère, appréciant la chaleur que lui offrait ce contact humide et tendre. Une myriade de sensations parcourut alors les deux corps, qui en demandaient encore et encore. Et pour un instant seulement, leurs langues s'entremêlèrent et dans leur tête tout devint délectable et savoureux. Dans ce baiser, il y avait toute cette affection, cet amour qu'ils avaient l'un pour l'autre, et leurs deux corps qui se touchaient les transportaient bien des années auparavant, quand dans le ventre de leur mère, ils se serraient l'un contre l'autre. Voilà qu'enfin ils s'étaient entièrement retrouver, le frère et la soeur avec leur étrange relation ambiguë qui reflétait tout ce qu'ils étaient au fond d'eux, liés pour l'éternité, ne pouvant vivre l'un sans l'autre...